Avant que ça ne se termine!
Je le poste avant qu'on ne passe aux cerisiers.
« Kairakuen : le festival des pruniers »
Hanami ou la contemplation des fleurs de cerisiers au mois d’avril est une fête japonaise bien connue. Mais le festival des fleurs de pruniers, Ume en japonais, à la fin de l’hiver est un évènement tout aussi populaire.
Aujourd’hui, 20 février, premier jour du célèbre festival des pruniers en fleur du parc de Kairakuen, dans la ville de Mito à deux heures en train au nord de Tokyo, il fait froid, et un léger vent glacial souffle dans les allées. De même que « le samouraï qui reste bien droit face aux évènements, la fleur de prunier brave la froidure de l’hiver » nous apprend Mr Yakinuma Ryouchi, volontaire pour expliquer aux visiteurs l’histoire et la géographie du parc. Les premiers visiteurs, bien emmitouflés, commencent à déambuler dans le parc et apprécie la délicatesse de cette fleur à la sortie de l’hiver. Le festival des pruniers marque le commencement des différentes contemplations de floraisons qui rythment l’année japonaise, depuis le commencement du printemps.
Le parc « Kairakuen » s’étend sur une superficie totale de 130 hectares, où est planté environ 3000 pruniers. La floraison des différentes variétés de pruniers est successive et dure une quarantaine de jours, alors que celle des cerisiers se caractérise par sa rapidité, quelques jours à peine. La couleur des fleurs s’étale du blanc au rouge en passant par le vert d’eau. Et il reste, malgré le grand tremblement de terre de 1923 et la seconde guerre mondiale, quelques vieux arbres, à l’âge vénérable d’une centaine d’année, qui date de la seconde guerre mondiale. Ils sont reconnaissables à leur tronc qui s’entortille. Car de même que le tournesol, le prunier a tendance à suivre la course du soleil.
Alors, en raison de ces différentes caractéristiques, si la fleur de cerisier, blanche, symbolise l’éphémère, la fragilité et la beauté de la vie, la fleur de prunier est porteuse d’autres significations de la vie.
Nariaki Tokugawa, neuvième Seigneur de Mito, a donc choisi cet arbre, lorsqu’il a décidé la construction de ce parc, en 1842. Le nom « Kairakuen » signifie en japonais « le parc où l’on peut partager l’agrément et la connaissance entre les gens ». Selon cette idée, il l’a créé pour l’ensemble de ses vassaux pour leur amusement et leur éducation. Et, si Kairakuen fait partie des trois plus célèbres jardins du Japon, avec Kenrokuen à Kanazawa (côte ouest du Japon) et Kairokuen à Okayama (au sud d’Osaka), il s’en différencie par le libre accès à toutes les personnes du clan du Seigneur de Mito, alors que les autres étaient réservés aux seules personnes proches du Seigneur du lieu. Il est depuis sa création gratuit, et en ce sens, « un des premiers parcs au monde, à l’instar de Central Parc à New York », comme nous le dit Mr Yakinuma Ryouchi. Les habitants peuvent jouir librement de se parc, se détendre, se retrouver. Ils pouvaient aussi bénéficier d’enseignement dans le Kobuntei, « le pavillon de l’amour des lettres » ouvert à tous. Mais, le Seigneur recevait, aussi, en accord avec la tradition confucéenne de respect des anciens, les personnes âgées de 80 ou 90 ans pour les divertir, dans le bâtiment principal. D’autre part, en maintes occasions, il aimait lui-même composer des poèmes avec ses vassaux dans la pièce principale. Ces caractéristiques, qui font l’originalité du parc peuvent nous faire penser qu’à la veille de la révolution Meiji, il souffle comme un petit vent de démocratie dans les allées de ce parc.
Dans le même esprit, pour pourvoir non seulement à l’agrément et à l’appétit de connaissances de ses vassaux, il existe encore une autre raison au choix des pruniers. A la différence des cerisiers japonais dont on se plaît à contempler les fleurs, les pruniers donnent un fruit. En juin, après la récolte, on fait sécher les fruits et on les met en réserve. La prune est un fruit qui se conserve très bien. Par conséquent, en cas de catastrophe naturelle, tremblement de terre ou typhon, on peut toujours puiser dans les réserves pour se nourrir ou pour nourrir le peuple. La prune constitue toujours un des deux aliments de base avec le riz. Elle garnit, encore maintenant, généralement chaque boîte repas, le « bentô » que mange les japonais le midi.
Mais pour l’heure, profitons du soleil qui réchauffe l’air froid de l’hiver pour acheter auprès des stands de nourriture à l’entrée du parc quelques nouilles grillés ou bentô. Comme les autres personnes asseyons-nous dans l’herbe encore jaune. Et puis, surtout, ne manquons pas la photo avec l’une des beautés du parc, dans leur ravissant kimono orné de fleurs de pruniers.
vous pouvez consulter la suite dans l'album "Kairakuen".